I can tell you where I’m headed now, not just along for the ride

Le 31 décembre 2021 je suis allée chez mes parents et dans le jardin nous nous sommes tenus devant le pot de fleurs retourné qui sert toujours d’in memoriam pour notre petit chat. Je me suis dit que peut-être que quand j’aurai fini d’accepter, je viendrai avec des fleurs et que je serai prête – enfin – à les planter sur sa tombe.

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The air is wet with sound

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Ces derniers temps j'ai séjourné chez des amis différents. J'aime bien voir les personnes que j'aime dans leur milieu naturel, découvrir leurs petites habitudes, celles dans lesquelles iels s'enroulent quand je ne suis pas là. J'aime bien ces petits gestes insignifiants du quotidien : plier ses jambes pour être plus confortable sur le canapé, passer un couteau d'une main à l'autre en cuisine, ranger les verres et les assiettes dans les placards, ramasser le mug de thé posé sur la table basse. J'aime bien être le témoin silencieux de l'amour que les gens se portent, qui se fait discret quand il y a une autre personne dans la pièce. Les regards en coin, les rires et les sourires dérobés. Après je rentre chez moi et quand je pense à une personne je peux l'imaginer dans son habitat, ça me rassure peut-être de combler les centaines de kilomètres qui sont désormais installés entre moi et la plupart des gens que j'aime.

Je suis rentrée chez moi de ces quelques voyages et j'ai mis plein de chansons dans une même playlist. J'y ai mis toute la tendresse qu'il y avait partout, dans les rencontres impromptues et dans les feuilles tombantes de l'automne et dans les couleurs flamboyantes de la montagne. C'est ce qu'il reste quand on a passé toutes les journées dans la passoire infernale du souvenir : les rires tendres et les sourires (et les insultes quand on me fait un sale coup à Citadelles). Parfois on ne sait pas quand on se reverra alors on se fait des promesses pour plus tard. C'est vraiment la seule manière de ne pas pleurer, car dans ce monde incertain, tous les au revoir font un terrible déchirement à l'intérieur.

Alors c'est une playlist que j'ai voulue douce comme quand on caresse le visage de la personne qu'on aime avec le plat de la main, comme quand on partage un thé ou qu'on rit à la même blague. (Ou comme quand on s'envoie une image débile d'un sketch de Tim Robinson alors qu'on est à un mètre l'un de l'autre.) La musique, c'est mon love language à moi et en voilà la preuve par quatorze chansons.

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Where have I been all these years

Lundi dernier je suis allée voir l’exposition Chris Ware à la BPI. J’étais à Paris, entre un concert d’Elton John et une rencontre pour parler de mon livre, et comme quelque chose s’était annulé, je me suis dit que le moment était parfait pour faire une heure de queue devant une bibliothèque. Au milieu de l’exposition, il y avait un écran qui diffusait une interview de l’auteur de BD. Ce que j’aime chez Chris Ware c’est, je crois, son humilité, cette place qu’il laisse au doute et à l’expérimentation. Il n’a pas honte de dire qu’il ne sait jamais si ce qu’il fait va fonctionner (fonctionner au sens artistique, pas mercantile). Il fait, et il avise.

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Tu n’as pas inventé ma tristesse

J’ai souvent vu Peggy Sue s’est mariée de Francis Ford Coppola étant enfant. Je ne suis pas sûre que je comprenais les tenants et aboutissants de ce film, qui raconte le voyage dans le passé d’une femme en plein divorce. En faisant un bond dans le temps elle retrouve son lycée et avec lui ses espoirs, ses amours, ses amies perdues de vue, ses rêves désormais enterrés sous son quotidien.

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Try another city babe, another town

L’année dernière, je n’ai pas écrit de bilan parce que je trouvais la vie trop inquiétante, trop difficile, trop incertaine. Cette année était pire et j’ai tellement de rage en moi que parfois ma vision se brouille. Je vais quand même écrire mon bilan mais j’espère que, même quand je raconte la petite expérience qui est la mienne, je garde les yeux grands ouverts – injectés de sang.

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I might find that to stroll behind is better than to score

Le mardi matin je regarde par la fenêtre et je vois les arbres qui se dessinent sous mes yeux derrière les rideaux, j'admire les dernières feuilles vertes qui se battent pour ne pas mourir et celles qui ont accepté leur destin : prendre une belle couleur ambrée et tourbillonner jusqu'au sol. Bientôt nous marcherons sur elles sur le petit sentier, leur course sera terminée, elles seront piétinée. Je suis hantée par le pasteur qui, debout, les deux bras en l'air, nous a rappelé d'une voix grave que nous redeviendrons poussière.

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Going home is such a ride

Je déteste aller chez le coiffeur. Souvent, le matin avant la coupe, je me regarde dans le miroir et mes cheveux me paraissent plus beaux que jamais : ils ont un volume que je ne leur connais pas, même les mèches blanches me plaisent et font des éclairs féroces dans les reflets bruns. Après des semaines à pester à l’idée de me débarrasser de ma coupe qui ne ressemble plus à rien, je suis prise de regrets. D’un coup, j’ai peur, je veux reculer, je veux annuler, je veux que tout reste comme avant.

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You sure look lovely in the moonlight

C’est un fait, j’ai souvent été plus inspirée par la tristesse que par la joie. Il y a quelque chose dans la mélancolie qui trouve toujours grâce à mes yeux. Elle me vient facilement. Et puis jeudi soir j’ai lu dans mon lit Éloge des fins heureuses, un essai de Coline Pierré (paru aux éditions Monstrograph) dans lequel l’autrice parle de son goût pour les fins heureuses en fiction. Elle évoque le courage de tendre vers le bon, d’être du côté des sentiments et de la douceur, elle parle de chick-lit, de comédies romantiques, de la joie et de ce qu’elle peut avoir de subversif et de profond. Elle explore aussi toutes ces choses que nous pouvons avoir honte ou pas d’aimer, ce que l’on revendique ou non et pourquoi.

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Archie

Pendant ces vacances j’ai beaucoup pensé à ce qui faisait la texture de l’amour, par rapport, par exemple, à celle des autres sentiments que je connais bien : l’angoisse, la tristesse, l’impatience, l’agacement.

Et puis un jour, un jour tristement comme un autre, j’ai appris que la vie de mon chat allait s’arrêter net. Je dis mon chat mais ce n’était pas « mon chat », c’était un chat, un chat qui partageait nos vies avec cette douceur qui n’était pas à moi mais qui n’appartenait qu’à lui. Celui qui avait subi avec ce que l’on prenait pour un sourire toutes les attentions, tous les surnoms, tous les coussins bricolés et offerts avec enthousiasme en espérant qu’il daignerait se coucher dessus.

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Until then, we’ll have to muddle through somehow

J’avais promis que cette année je ne ferais pas de bilan ici. Depuis quelques années je le faisais systématiquement, c’était devenu ma petite tradition. Souvent, ce bilan m’aide à réaligner mes sentiments, à me faire relativiser, à me donner de quoi rêver pour l'année suivante. 90% du temps il a pour unique but de récapituler les films chouettes vus en douze mois et ça me suffit pour embrayer sur l'année suivante. Et puis cette année je ne voyais pas quoi dire. Parce que les jours et les jours et les jours ont été difficiles, mais beaucoup moins pour moi que pour d’autres, parce que j’en garde des souvenirs flous et imprécis. Quand j’y pense je ne me rappelle que des bouffées d’air frais cet été, quand en voiture Aurore et moi avons vu la mer comme pour la première fois, et quand j’ai pique-niqué sur une plage de Bretagne sous les nuages orageux avec ma famille.

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